Ah, cet inbreeding !
Une question qui doit certainement être aussi vieille que l’élevage et assurément son antienne.
Sujet controversé qui a fait couler déjà beaucoup d’encre et user de salive. Il est fort probable que cette polémique reste encore longtemps en bonne place au titre des débats alambiqués.
Il n’est pour s’en rendre compte de confier au commun des mortels que tel ou tel sujet (cheval ou autre) est le produit d’un accouplement en famille, puis observer : très souvent, la première réaction de notre interlocuteur est de gêne enveloppée dans un profond mutisme, après un recul, l’indignation ne se fait pas attendre et c’est le tollé…
Tout ceci malgré maintes expériences, observations, études et par suite discours ou dissertations malheureusement subis et reçus comme prolixes et dérangeants. Travaux devenus stériles et retombant inertes dans le creuset du savoir en attendant d’être rebattus.
L’Inbreeding nous dit-on : “désigne chez un individu une consanguinité plus forte que celle de la moyenne dans une race donnée” plutôt subjectif ! Je laisserai donc cette définition à l’appréciation de chacun.
Pour traduire, il s’agit dans les origines d’un sujet donné de la présence d’un ou plusieurs ancêtres communs répétés dans les générations. A certains de rétorquer qu’après la troisième génération, cela n’est plus que de l’histoire. Nos aînés nous ont appris et l’expérience nous l’a confirmée, que rien n’est plus erroné que mathématiques en matière d’élevage. Il n’est rien de figé, de semblable. L’observation, l’intuition, l’initiative ainsi que l’expérimentation sont les seuls outils sérieux, possible alchimie qui, lorsqu’elle conduit régulièrement au succès, se nomme science de l’accouplement. Il n’est donc point de formule miracle ni de risque zéro.
Peut-être pourrions-nous de fait conclure ici pour le cas qui nous intéresse ? Dans son berceau d’origine, le cheptel Arabe d’une manière générale est le résultat d’une consanguinité plus ou moins rapprochée, voire cumulée (linebreeding) depuis près d’une quinzaine de siècles, si l’on se base sur la date de l’Hegire (622) ou une trentaine sur le règle du Roi Salomon (970 à 931 av JC)…
Nous pourrions même supposer, envisager une parenté datant depuis la nuit des temps !? que ces lointaines origines relèvent de la thèse Africaine, Asiatique (type mongolique et arien), Indienne via la Perse, ou tout simplement Arabe (ce qui est le plus vraisemblable et… vérifiable), son mode d’élevage ainsi que ses conditions de vie, ou plutôt de survie, devait être similaire.
Et puis, et malgré ce que ce cheval doit à la foi Coranique ! Quand bien même cet être incomparable n’était divin que dans nos coeurs ? S’il n’était le fruit ni de la volonté, ni de la main de Dieu comme “Al-Khir” (le Bien) proliférant même sans passer par les “Kamsa” (cinq) ? Peut être alors a-t-il vécu à l’état sauvage dans ces contrées !? Dans la nature, le choix n’existe pas, c’est la survie, la loi du plus fort, la sélection naturelle ou l’à peu près n’a pas de place.
La vie animale, sauvage comme domestique n’a pas de tabou et par voie de conséquence ignore celui de l’inceste. Sa façon de penser ainsi que sa morale sont toutes autres que celles du genre humain.
Les nomades d’Arabie produisent des chevaux résultant très souvent d’accouplements en famille tels : cousin/cousine, demi-frère/demi-soeur, neveu/tante, oncle/nièce (très prisé) et bien d’autres combinaisons opérées par choix ou force des choses dictées par les obligations de ce mode d’existence.
Le Bédouin, faute de moyen, ne conserve en général qu’un étalon, se débarrassant de ses poulains le plus tôt possible après sevrage. Cette pratique inclut le risque de manquer de reproducteur mâle pour sa propre remonte. Très pauvre, il ne conserve que les juments pour les multiples raisons que nous devinons, ces dernières sont montées dès l’âge de 18 mois vides, puis pleines et suitées.
L’apport d’un courant de sang nouveau (lui aussi très certainement très Inbreed) peut survenir lors d’échanges calculés ou pas comme le troc, autrefois les razzias et parfois sur simple présentation d’une cavale à l’étalon de passage. Code d’honneur ou plutôt de survie, une saillie ne pouvant être refusée ni même monnayée, le commerce du sperme étant prohibé dans la religion Musulmane.
Dans l’éventualité où une cavale mettrait au monde un sujet accablé de quelconque trouble physiologique ou handicap physique, voire mental, la dure vie nomade alliée à l’environnement ainsi qu’aux conditions climatiques implacables, joueraient leur rôle de régulateur, éliminant du même coup les gênes récessifs indésirables.
Nous n’avons pas en nos pays toutes ces outrances ainsi que ces règles incontournables et sélectives au plus haut degré ! Rien de semblable qui régisse le bon fonctionnement d’une vie arrachée à un environnement hostile.
A la différence du monde nomade et dans nos climats tellement plus cléments, de cycles et formes si différents, nous, peuples modernes occidentaux, mettons tout en oeuvre pour sauver et faire vivre coûte que coûte, faisant fi des risques d’amoindrissement d’une espèce.
Comme pour toute polémique, la consanguinité a ses détracteurs pour qui cette pratique n’est pas envisageable ni même pensable ! A l’extrême, rares exceptions certes et heureusement, certains maniaques utilisent cette méthode de façon outrancière et irréfléchie allant parfois jusqu’à l’irréparable.
Il ne faut pas occulter ces échecs qui peuvent nous servir de “garde-fou”. Ces ratés qui sont pour la majorité le fait de mariages extrêmes à répétition, cumulés en l’absence des conditions primordiales nécessaires.
J’ai été amené à observer des sujets issus de ces procédés excessifs : malgré trois générations d’accouplements entre père et fille, les produits semblaient ne présenter aucun défaut morphologique ni mental. Par ailleurs, la robe se délavait, le peu de blanc du départ inondait jambes, tête et gagnait sur l’abdomen, la corne semblait avoir perdu de son élasticité présentant un aspect cassant et friable. Ces phénomènes devaient être certainement les prémices d’une mutation vers l’albinisme ? Un second éleveur ayant procédé de façon sensiblement identique avec l’une de ses reproductrices, me confiait qu’il avait déjà perdu deux produits consécutifs pour cause de palais mal formé ; le troisième produit qui était un mâle issu du même accouplement était superbe et tout à fait sain, sans aucun signe anonciateur de dégénérescence ?…
Dans nos pays, nos civilisations, cette méthode nécessite d’opérer avec beaucoup de discernement. Il est indispensable de posséder une bonne connaissance des sujets choisis ainsi que de leur ascendance et si possible leur descendance. Cette pratique ne peut être systématique ! Peut être pourrions-nous là aussi reprendre cette métaphore bien connue dans le domaine hippique et avancer sans crainte que l’inbreeding peut se révéler : “un rasoir dans les mains d’un singe” ! Ce qui peut se pratiquer à certains endroits du globe et dans certaines conditions, ne peut s’appliquer forcément ailleurs et de la même façon.
Il y a peu à craindre et fort à gagner en employant adroitement ce système lorsqu’il est nécessaire. Cela demande des géniteurs d’exception, rigoureusement purs et sains, de tempérament fort, façonnés et forgés par le travail. Il faut éviter la multiplication de quelques imperfections pouvant s’accumuler, devenir défauts et risquer de se fixer.
Nous savons que les parents offrent ensemble la totalité du capital génétique hérité ! Ainsi, le nombre diploïde de chromosomes du cheval étant : 2n=64, le père en donne une moitié et la mère l’autre, c’est-à-dire 32 chromosomes chacun. Pour chaque géniteur, il y a donc disparition d’une moitié de ces chromosomes, étant bien entendu que le noyau des gamètes n’en contient que 32 qui fusionneront en 32 pères à la fécondation. Aussi, par exemple, un chromosome donné d’une grand-mère a-t-il un risque sur deux d’avoir disparu chez son petit-fils.
En fait, l’inbreeding évite l’éloignement, voire l’élimination trop rapide d’ancêtres précieux et par le fait, en diminue le nombre. En accouplant des sujets intégralement out-cross, nous nous dirigeons fatalement vers l’inconnu. En mariant des géniteurs in-breed, nous choisissons une direction ; ciblé, le résultat est plus prévisible, forcément plus cohérent, caractérisé, tendant vers une homozygotie. Cela nous offre également l’opportunité de faire jouer des contrastes beaucoup plus déterminés, de mieux maîtriser l’homogénéité d’une lignée. Réflexion pouvant paraître erronée parfois au vu de certaines surprises dues sans nul doute à ces résurgences du passé ! Réapparition, remise au jour spectaculaire de certains types et caractères ancestraux enfouis dans les générations ne transpirant plus sur les auteurs.
La consanguinité ne fait pas de l’élevage une science exacte ! Ni panacée, ni fin en soi, pratiquée judicieusement, cette méthode reste incontestablement l’un des piliers de la formation, la fixation et l’amélioration des races.
Un exemple plus près de nous, âgé de deux siècles seulement et évident à constater, c’est bien l’extraordinaire développement du pur sang anglais découlant d’un pôle génétique très restreint.
Nous savons à présent et beaucoup son unanimes quant à l’incidence favorable de la consanguinité sur les qualités de reproducteurs, les chefs de race ainsi que les performances.
Peut-on véritablement s’adonner à l’élevage et particulièrement à celui du Cheval Arabe sans user du concours de la consanguinité ?! Je suis convaincu que cela équivaudrait à s’interdire d’entrer dans un jardin avec des fleurs.
Je conclurai car il le faut bien en rappelant, qu’à l’exemple du Bédouin offrant sa cavale à l’étalon d’une tribu voisine, qu’il n’est peut être pas paradoxal de penser que la finalité de l’inbreeding serait de préparer des out-cross plus efficaces.
Louis Bauduin
ok, you all will have to give me some time to translate that it is a very interesting contribution to the discussion in inbreeding from Louis.
This is important Subject Can you Translate to Arabic for me
Louis Bauduin This name Heard about it
C’est bien écrivé et je suis d’accord avec le plus part. Mais j’ai une question. Comment peut l’environnement et la dure vie nomade éliminer les gènes récessifs indésirables? Le plus souvent, les porteurs génétiques des gènes récessifs indésirables sont eux-mêmes complètement normaux. Et la plupart de leurs poulains, porteurs génétiques ou non, sera complètement normaux. Si l’environnement et la dure vie nomade éliminer tous les gènes récessifs indésirables, il n’y aurait pas de SCIDS, par exemple.
Entièrement d’accord avec toi Louis! Pour exemple, je citerai le magnifique Shueyman el badawi, issu de Mokhtar (In breeding sur Mumtazah)et Murad aouda sahib (in breed sur Zarifa et Saadi).
Dans ce cas, les mariages consanguins ont été préparés afin d’assembler un out-cross de très haute volée!
Bravo messieurs les éleveurs..
I agree you louis! for exemple, i’lltell you the wonderfull Shueyman el Badawi, by Mokhtar (in breeding on Mumtazah) and Murad aouda sahib (in breeding on Zarifa and Saadi). in this case, the two “in cross parents” have been put together to give us an exellent out cross product!!
Bonjour Adrien, merci de votre contribution. Pouvez m’envoyer qqs photos de vos chevaux que je souhaterai montrer ici: ealdahdah@hotmail.com
Voici comment ca se calcule:
http://www.braquedubourbonnais.info/fr/calcul-consanguinite.htm
Cher Adrien,
Nous sommes à l’unisson !
En élevage, la consanguinité ne doit pas être une fin en soi car une arme à double tranchant !
Il n’est pas souhaitable de la prolonger indéfiniment mais constituer, forger un noyau homogène, un condensé de qualités physiques et mentales, de critères bien définis en rapport étroit avec la fonction première du Cheval : la guerre et la chasse.
Une fois ce travail bien établi, il est indispensable d’avoir recours à un géniteur étranger issu d’une construction similaire.
Ce système, en plus d’éviter le dérapage, fait jouer le phénomène d’hétérosis pouvant amener, entre autres, un apport de vigueur accru. Dans le cas qui nous intéresse, il serait judicieux, pour ne pas dire indispensable, d’utiliser le potentiel du Cheval Bédouin.
Ces lignes ne sont que réflexions résultant de nombreuses années d’équitation, élevage, études et observations, avec son lot de peines mais aussi de joie, et, fort de tout cela, l’envie, l’espoir d’aller encore plus loin.
Entends bien que le gros souci n’est pas tant le Cheval mais l’Homme, avec son cortège d’incohérences, mosaïque mouvante et versatile accompagnée de cet appétit jamais rassasié pour le profit et la notoriété. Il arrive parfois d’en rencontrer un animé de fraternité, fidélité et sagesse. Alors à ce moment précis il faut prier afin que le miracle se reproduise.
Mais je parle, je parle et mon Cheval piaffe d’impatience !
À bientôt donc,
Louis Bauduin.